1.3 Étude de la noire & premiers rythmes

L’heure est venue de prendre vos baguettes pour pratiquer vos premiers exercices et rythmes ! Comme indiqué dans l’introduction, cette leçon s’articule autour de plusieurs axes, ici la technique, l’indépendance et la coordination.

Technique

Concernant la technique, quelques conseils (ou rappels) avant de réaliser les premiers exercices ci-dessous :

  • si possible, munissez-vous d’un métronome et démarrez le travail de chaque exercice par un tempo faible (40 bpm par exemple) avant d’augmenter progressivement la valeur par palier (de 5 à 10 bpm). Inutile de vous précipiter : tant que vous n’êtes pas à l’aise à un tempo donné, il faut persister. En début d’apprentissage, la rigueur prime sur la vitesse.
  • il est conseillé d’accompagner le travail de la caisse en jouant la pédale de charleston (pied G) sur tous les temps : cela demande néanmoins un effort de synchronisation et d’indépendance dont vous pouvez toutefois vous passer au tout début afin de vous concentrer sur le travail des poignets. Mais tâchez de prendre cette habitude dès les prochaines leçons quand les figures deviendront plus complexes. Notez qu’on peut aussi remplacer le pied de charleston par la grosse caisse (pied D).
  • si vous vous posez des questions au sujet de la tenue des baguettes et de la façon de frapper, je vous suggère d’aller faire un tour au monde 0.4 !

Figure rythmique diff1

La noire durant par définition 1 temps, elle réalise à elle seule une figure rythmique qui consiste à frapper un unique coup parfaitement sur le temps.

Dans l’exercice , il s’agit de frapper la caisse claire sur chacun des temps d’une mesure à 4 temps en veillant à ce que les coups soient bien réguliers (l’écart entre chaque frappe doit rester le même). Répétez cette mesure en boucle jusqu’à ce que vous soyez le plus précis possible.

Le doigté utilisé ici est de type frisé : on alterne les mains D et G en commençant par la droite. Attention de frapper des deux mains avec la même intensité (même dynamique) pour équilibrer le travail des poignets.

Cet exercice vous paraitra rapidement simpliste, mais gardez-le dans votre liste future de gammes ultimes pour échauffer vos poignets en mode « stone killer » 😉

Niveau 1.3 T1

Autres doigtés diff2

Afin d’assouplir vos poignets, et en vue des notions futures sur les doigtés, vous pouvez ensuite travailler selon le même principe les exercices , et . A noter qu’il peut être intéressant d’alterner les mesures des exercices et et que l’exercice correspond à un doigté de type roulé (ou « pa-pa-ma-man »).

Niveau 1.3 T2
Niveau 1.3 T3
Niveau 1.3 T4

Indépendance

Appliquons désormais les connaissances sur la noire pour construire de vrais rythmes.

Rythme de base diff1

Un rythme simple s’articule autour d’une base régulière ou ostinato : il s’agit d’une figure rythmique particulière jouée en continu sur le charleston (dans un premier temps). On complète ensuite cet ostinato par des coups portés à la grosse caisse et à la caisse claire afin de donner vie au rythme. C’est là que démarre le travail d’indépendance.

Pour les exercices suivants, je vous suggère de régler initialement le métronome à 60 bpm. N’hésitez pas non plus à compter les temps (1, 2, 3, 4) à voix haute ou dans votre tête si cela peut vous aider.

Exercice

Avec la main droite, jouez un ostinato constitué de noires au charleston (celui-ci doit être maintenu fermé avec votre pied gauche). Comme dans les exercices de technique, il faut porter des coups les plus réguliers possibles en conservant la même dynamique. Jouez cette mesure en boucle quelques instants.

Niveau 1.3 I1

Exercice

Ajoutez maintenant un coup de grosse caisse (pied droit) sur le premier temps de la mesure (le « 1 ») en le synchronisant bien avec le coup de charleston. Attention à bien conserver le charleston fermé avec l’autre pied et à maintenir un ostinato régulier à la main droite. Répétez cette mesure jusqu’à ce que vous vous sentiez à l’aise.

Niveau 1.3 I2

Exercice

Enfin, ajoutez une caisse claire jouée à la main gauche sur le troisième temps (le « 3 »). Les mains sont donc croisées et la main gauche se situe en dessous de la main droite. Les coups de GC et CC doivent être synchronisés avec ceux du charleston dont l’ostinato doit toujours rester bien régulier. Voilà, vous savez jouer votre premier rythme ou pattern ! A force de le faire tourner, vous cesserez de « penser » et gagnerez en fluidité. Vous pourrez alors augmenter progressivement le tempo.

Niveau 1.3 I3

Dérivés possibles diff2

Les exercices à suivants sont un peu plus difficiles : il s’agit de variantes du rythme de base dans lequel des grosses caisses et caisses claires sont ajoutées ou déplacées (voire les deux). Mais rassurez-vous, nous sommes toujours à la noire avec un ostinato de charleston inchangé. Je vous conseille de les jouer un par un dans un premier temps avant de vous amuser à les mélanger (possibilité d’en alterner deux qui vous plaisent, de les jouer tous dans l’ordre proposé…). Quand vous aurez travaillé les exercices de coordination, n’hésitez pas également à intégrer quelques break à ces premiers rythmes ! Dans ce cas, faites tourner un des rythmes sur 3 mesures et jouez un break sur la 4ème avant de recommencer. Toutes les combinaisons sont possibles, alors faites-vous plaisir 😉

Niveau 1.3 I4-13A
Niveau 1.3 I10-13B

Dernière remarque : tous les exercices d’indépendance peuvent également être joués sur la ride à la place du charleston ! Je vous suggère de les re-pratiquer ainsi pour commencer à « dompter » cet élément. Effectivement, la ride résonne davantage et nécessite de contrôler le son : plus on la frappe vers le centre (le « ping »), plus le son est net. Son intérêt réside dans le fait de ne pas avoir à croiser les mains (dans la mesure où votre ride est bien située à droite sur un kit de droitier…).

Jouer un rythme sur la ride permet de modifier la couleur de celui-ci : il est courant dans la musique pop-rock actuelle de jouer le rythme d’un couplet sur le charleston et celui du refrain sur la ride par exemple.

Coordination

Abordons maintenant le travail spatial en jouant des noires sur d’autres éléments du kit, l’objectif étant de construire peu à peu au fil de ces travaux sur la coordination vos premiers break.

Quelques précisions d’usage avant de démarrer :

  • tous les exercices doivent être exécutés isolément avant d’être combinés et surtout mélangés à des rythmes de la partie indépendance.
  • tâchez d’avoir des mouvements amples, fluides et précis en frappant bien le centre de chaque élément.
  • le doigté par défaut d’une mesure est le frisé (DGDG), mais quelques doigtés alternatifs sont parfois proposés.
  • le tempo de travail initial reste le même, à savoir 60 bpm.

Coordination CC / Toms diff1

Commençons par les exercices à :

Niveau 1.3 C1-10A
Niveau 1.3 C1-10B

En les pratiquant, on constate que certaines articulations d’éléments sont particulièrement adaptées au doigté DGDG, alors que d’autres semblent moins naturelles : dans les exercices 4, 5 et 6 en particulier, il est nécessaire de croiser les mains ce qui n’est pas très confortable…

Pour y remédier, plusieurs possibilités s’offrent à vous :

  • se limiter dans un premier temps aux articulations adaptées et reléguer cette difficulté à plus tard…
  • … ou aborder la mesure concernée avec un autre doigté. Rien ne l’interdit, surtout si on conçoit chaque mesure comme un petit break à intégrer à des rythmes lents (n’oubliez pas que vous êtes à la noire). Pourquoi ne pas expérimenter en cherchant des combinaisons de mains qui fonctionnent mieux ? La plupart des méthodes insistent sur le frisé au départ, ce qui est certes fondamental, mais il faut également laisser une part d’expressivité et de sensations au batteur qui débute. Il m’arrive souvent à titre personnel de jouer des break de façon peu académique, mais qui sonnent bien et sur lesquels je ne suis pas obligé de me contorsionner dans tous les sens ! Être à l’aise sur son instrument est un critère primordial : quand vous pouvez faire quelque chose autrement, faites-le, dans la mesure où cela ne dénature pas l’esprit de la partition.

On peut par exemple s’essayer aux doigtés suivants :

: G D G D (inversion du doigté)

: D G D D (demi-moulin)

: D D D D (ou tout à la main G, cela fait travailler les poignets)

Coordination GC / Toms diff1

On remplace maintenant la CC par une GC dans les exercices à . Le doigté en frisé reste la norme par défaut, ce qui signifie que les temps 1 & 3 sont des mains droites, alors que les temps 2 & 4 sont des mains gauches. Je n’indique plus ici les noms des éléments pour vous forcer à lire la partition mais les GC ont des hampes orientées vers le bas pour plus de lisibilité. D’autres doigtés sont également proposés en dessous.

Niveau 1.3 C11-20A

Autres doigtés possibles (le dièse # représente la GC jouée au pied):

et : # G G G

: # G D D

: # D D #

: # D # D

: D # D #

Coordination « All in one » diff2

Enfin, on combine tous les éléments pour complexifier un peu les choses dans les exercices à : les doigtés sont ici volontairement variés et directement indiqués sur la partition.

Niveau 1.3 C21-32A
Niveau 1.3 C21-32B
Niveau 1.3 C21-32C

Rythmes enrichis diff3

Il est d’usage de cloisonner au départ le travail des rythmes, utilisant le trio gagnant {HH / GC / CC}, et celui des break faisant plutôt intervenir les toms. C’est logique pour ne pas avoir trop de difficultés à surmonter en même temps et très important à respecter pour bien apprendre à maintenir un ostinato régulier quand on joue ses premiers rythmes.

Mais bien évidemment, un rythme peut se voir à l’usage enrichi d’éléments de coordination pour lui donner davantage de vie, et l’on peut se risquer dès à présent à quelques écarts pour se rendre compte du potentiel de l’instrument. Les exercices suivants intègrent donc à ce titre :

  • des toms frappés isolément (le doigté est alors précisé) ou à la place des CC (dans ce cas, ils sont joués main gauche) pour avoir une approche plus mélodique du rythme.
  • des cymbales Crash qui remplacent ponctuellement le charleston dans son ostinato et permettent de renforcer un temps en particulier (par exemple pour marquer un début ou une fin de mesure lors d’un changement de section dans un morceau). Le doigté de ces Crash est également précisé.

Ces exercices à  sont plus ardus puisqu’ils intègrent coordination et indépendance, mais essayez-les toutefois, quitte à vous focaliser sur un seul d’entre eux. Vous commencerez de cette façon à enrichir votre vocabulaire sur l’instrument. Notez que l’ostinato au charleston est toujours joué à la main droite et que les CC sont exécutées à la main gauche, comme dans les exercices d’indépendance. Par ailleurs, ces exercices nécessitent d’enchainer deux mesures avant de reboucler pour obtenir l’effet escompté.

Niveau 1.3 C33-37A
Niveau 1.3 C33-37B

Voilà, vous êtes arrivé au bout de cette première « vraie » leçon sur la batterie. Prenez le temps de digérer tout cela, pratiquez ces exercices le plus possible pendant plusieurs semaines et n’hésitez pas à revenir dessus régulièrement au début de votre apprentissage !

1.2 Initiation au solfège rythmique

Maintenant que vous connaissez la mesure à quatre temps (4/4), il est temps de placer des notes à l’intérieur ! Une note de musique se caractérise par sa hauteur sur la portée (qui correspond à un élément du kit dans le cas très particulier de la batterie) et sa durée par rapport au temps de référence (lui-même défini par le tempo). C’est sur ce deuxième point que nous allons nous concentrer ici.

La durée d’une note permet de connaitre sa longueur avant de jouer la note suivante : en batterie, il s’agit surtout de connaitre l’écart à respecter entre deux coups distincts, puisqu’on ne contrôle pas vraiment, sauf exception, la durée d’un coup (résonance d’une caisse claire, d’une cymbale…).

Lorsqu’une note n’est pas jouée, on peut lui associer un silence correspondant à la durée équivalente de celle-ci.

La note la plus simple est la noire, qui dure par définition un temps : une mesure à 4 temps comporte ainsi 4 noires.

Le silence correspondant à une noire (donc un temps) est un soupir.

Exemples de mesures en 4/4 comportant des noires et des soupirs

Tableau récapitulatif des premières notes/silences à connaitre et leurs symboles

En pratique, les hampes (tiges) de ces notes sont ensuite reliées entre elles pour former différentes figures rythmiques au sein de la mesure. Les hampes peuvent être indifféremment orientées vers le haut ou le bas, c’est surtout une question de lisibilité.

Exemples de mesures en 4/4 comportant ces différents types de notes et silences (les temps sont indiqués)

Sachant que le rôle du batteur consiste à marquer le temps, l’apprentissage de la batterie peut démarrer avec la noire. Même s’il n’est pas interdit de jouer à la blanche (voire à la ronde), c’est assez rare et plus usité par d’autres instruments pouvant contrôler de longues notes (et en jouant parfois peu dans une seule mesure).

Une dernière notation s’avère extrêmement utile : le point ! Lorsque l’on ajoute un point à n’importe quel type de note, la longueur de celle-ci est augmentée de la moitié de sa valeur. Par exemple, une noire pointée vaudra 1,5 temps.

Remarque : il en va de même pour les silences pointés.

Le tableau ci-dessous récapitule la durée de quelques notes pointées

Exemples de mesures en 4/4 comportant des notes et silences pointés (les temps sont indiqués)

Notez que toutes les notations fournies dans cette leçon sont valables pour une partition écrite en binaire. Nous verrons dans un futur chapitre les différences qui apparaissent lorsque l’on écrit des mesures en ternaire.

Pour conclure, vous pouvez traiter le petit exercice théorique ci-dessous.

Exercice diff1

Passez la souris sur les cadres pour consulter les réponses

Question 1

Laquelle de ces quatre mesures correspond à une mesure à quatre temps ?

Question 2

Dans les mesures suivantes en 4/4, indiquer quel type de silence (nom/symbole) doit être placé dans chaque cadre.

Avec ces premiers éléments de solfège rythmique, vous voilà largement armés pour attaquer le travail sur la noire et jouer (enfin) vos premiers rythmes de batterie !!!

N’hésitez pas à consulter de nouveau cette leçon quand vous ressentirez le besoin de vous rafraichir les idées.

1.1 Temps, tempo et mesure à 4 temps

Pour illustrer ces premières notions, nous allons nous appuyer sur le morceau suivant : We Will Rock You, du groupe Queen. A son écoute, tapez naturellement du pied sans vous poser de question : vos coups, qui doivent être les plus réguliers possible, représentent ce que l’on appelle des battements (ou pulsations). La durée qui sépare deux battements se nomme en musique un temps.

Maintenant, comptez le nombre de battements que vous effectuez sur une durée de 10 secondes du morceau, puis multipliez le résultat obtenu par 6 pour le ramener à une minute : vous trouvez ainsi le nombre de battements par minute du morceau, encore appelé tempo. Le tempo est systématiquement indiqué au début d’une partition. Son unité de mesure est le bpm (pour « beats per minute« )

Pour information, un petit outil en ligne permet de déterminer rapidement le tempo d’un morceau : tapbpm

Exercice

Déterminez le tempo des morceaux suivants puis vérifiez la réponse en passant la souris sur le cadre orange :

Jamiroquai – Virtual Insanity

Audioslave – Like A Stone

Bruno Mars – Locked Out of Heaven

Metallica – Master of Puppets

Kool and the Gang – Jungle Boogie

Pink Floyd – Comfortably Numb

Dire Straits – Sultans of Swing

En général, la musique est constituée de cycles qui se répètent plusieurs fois (une mélodie de piano, un riff de guitare, une suite d’accords…), eux-mêmes regroupés dans les différentes sections d’une composition qui se veut structurée (couplet, refrain, pont…). Il est donc utile de regrouper les temps par paquets pour plus de facilité dans l’écriture et la compréhension d’un morceau : un paquet de temps est nommé mesure.

Dans la musique occidentale, la mesure la plus courante est la mesure à quatre temps, notée 4/4. Nous reviendrons dans un autre monde sur ce choix, cette notation et les différents types de mesures existants. Dans l’immédiat, il suffit de retenir qu’une mesure de base comporte quatre temps ! Ne soyez néanmoins pas surpris de rencontrer dans les exercices à venir quelques mesures à deux temps (2/4) ou à trois temps (3/4), qui fonctionnent sur le même principe, à savoir qu’on choisit de regrouper les temps par blocs de deux ou trois pour constituer une mesure.

L’autre intérêt de la notion de mesure, c’est de définir des temps forts et des temps faibles en termes d’interprétation dynamique. Usuellement, en musique classique, la mesure à 4 temps se décompose en {fort/faible/faible/faible}, le 1er temps étant le repère indiquant le début d’une nouvelle mesure. On peut aussi rencontrer en pratique une variante du type  {fort/faible/intermédiaire/faible}, dans laquelle le 3ème temps est davantage mis en avant.

Mais attention à cette définition car dans la musique rock moderne, ce sont plutôt les temps 2 et 4 qui sont accentués, appelés afterbeat (ou backbeat). Typiquement, ils sont marqués par la caisse claire dans les rythmes et ce sont ces deux temps que l’on frappe dans les mains lors d’un concert (et non pas les 1 et 3 comme le font certaines personnes…).

0.1 Bref historique de la Batterie

Pour les nouveaux venus, comme pour ceux qui souhaitent réviser un peu, je vous propose d’attaquer ce tutoriel par quelques éléments historiques (et autres digressions) au sujet de notre instrument. N’étant pas Historien (et donc expert en la matière), il ne s’agit à travers ces humbles lignes que de rappeler des repères simples et communément admis (avec une pointe d’ironie discutable, je vous l’accorde par avance).

L’histoire de la batterie est évidemment indissociable de celle de la musique en général, et plus particulièrement de celle des percussions. Nos ancêtres les plus lointains comprirent très rapidement que leurs mains, et a fortiori tous les outils qu’ils pouvaient concevoir pour ces dernières, leur permettaient de taper sur la gueule du voisin afin d’engranger ressources et pouvoir. Les plus éclairés d’entre eux, que l’on qualifiera plus tard d’artistes (encore moqués aujourd’hui par la catégorie dominante), émirent l’hypothèse qu’il serait tout aussi agréable de taper sur un objet inanimé, afin d’en produire un son et égayer leur pénible quotidien. C’est ainsi que le combo {outil facile à prendre en main + support résistant qui résonne un max = bruit rigolo qu’il faut reproduire le plus souvent possible}, plus communément appelé « percussion » est apparu dès l’aube de nos premières civilisations. Certains diront qu’il ne s’agissait finalement que d’un autre moyen d’emmerder le voisin : chacun prendra position.

Bien entendu, d’autres types d’instruments furent élaborés en parallèle, voire en amont (à commencer par les possibilités offertes par la voix et le corps), afin de compléter ce large panel de trucs bruyants : la palme de l’ancienneté (en terme d’identification) est d’ailleurs à ce jour attribuée à une flûte en os de vautour, découverte dans une grotte en Allemagne et dont l’âge estimé au carbone 14 avoisinerait les 35 000 ans (rien que ça).

Je me dois cependant d’être un peu plus précis : les percussions ne se limitent pas seulement aux choses que l’on frappe (comme le gong ou les tambours), mais également à celles que l’on racle (guiro), que l’on secoue (maracas) ou bien que l’on entrechoque (castagnettes). Nos prédécesseurs ont en effet rivalisé d’ingéniosité pour faire du bruit de toutes les manières possibles.

Au passage, précisons également qu’il est de coutume de séparer les percussions en deux groupes : les membraphones (faits d’une membrane tendue sur une caisse de résonance) et les idiophones (réalisés à l’aide de matériaux durs).

D’un point de vue plus philosophique, il peut être intéressant de préciser que si les instruments de percussions existent depuis la nuit des temps, c’est bien parce que l’être humain s’est toujours interrogé sur le rythme : celui de la vie et de la mort, celui des saisons, de la course du Soleil dans le ciel ou encore celui de son corps (respiration, cœur, pas, etc…).

Nous baignons dans un Univers dans lequel la plupart des phénomènes naturels sont périodiques et notre corps n’est qu’une machine de plus respectant ces préceptes, jouant en quelque sorte le rôle d’un métronome géant d’une fabuleuse complexité. La musique et les percussions illustrent parfaitement le rapport ténu que les espèces vivantes entretiennent avec le temps, au strict sens Physique du terme.

Les Historiens éprouvent bien des difficultés à dater l’apparition des premières percussions, car il s’agit d’artefacts qui se sont naturellement altérés et ont probablement pour la plupart disparu avec le temps (en particulier les instruments à peau tendue). Par ailleurs, devant la rare découverte d’un objet archéologique de ce type, il n’est pas forcément simple de déterminer son rôle et son utilisation musicale éventuelle. S’il parait compréhensible d’associer un cylindre de bois troué à un vague ancêtre de la flûte, il n’en est pas de même pour un simple morceau de bois taillé qui aurait pu avoir de multiples usages, dont celui de simplement produire un son en le frappant.

Le lithophone, ancêtre du xylophone, en lames d’ardoise (reconstitution par Jean Duperrex)

Je n’irai pas plus en avant sur le sujet des percussions, même si celui-ci s’avère passionnant. C’est en effet incroyable d’observer le nombre d’instruments hétéroclites ayant pu fleurir au cours des siècles, et ce dans toutes les régions du monde. Sachez juste une chose : si vous pensiez avoir trouvé hier soir un son absolument génial et un rythme d’enfer hyper novateur, vous risquez d’être déçu d’apprendre qu’un autre poilu (ou une poilue) l’a sûrement déjà fait avant vous. Pas d’inquiétude cependant, la musique n’est qu’un constant renouvellement !

Si les percussions (et la musique de façon globale), étaient tout d’abord destinées à accompagner diverses formes de rassemblements collectifs (célébrations spirituelles, rituels communautaires, rassemblements militaires…), leur utilisation a évolué progressivement vers une forme d’expression plus individuelle, en devenant l’un des vecteurs de nos sentiments : c’est pourquoi, de nos jours, il n’est pas rare de croiser sur une plage en plein été un bellâtre qui s’évertue à négocier un acte sexuel en jouant du djembé à sa douce (note personnelle : la guitare folk est plus efficace pour arriver à vos fins. Et si vous savez un peu chanter, c’est encore mieux, vous obtenez un bonus « Sexy + 10 »).

Venons-en dès lors à notre sujet principal, à savoir la batterie, un instrument quant à lui beaucoup plus jeune. Enfin, oui et non… Si vous avez lu les paragraphes précédents, vous aurez compris par vous-même.

La batterie contemporaine n’est effectivement « rien de plus » qu’un ensemble de percussions destiné à être joué par une seule personne (le batteur). D’où son nom au passage : on dit bien « une batterie de cuisine », même si on ne le dit jamais dans la vraie vie… Les anglo-saxons lui préfèrent d’ailleurs le terme de « drums » (ou « drumset »), nettement plus classe, qui signifie « tambours ». Si son concept est récent, puisqu’il date d’un peu plus d’un siècle seulement, les éléments qui la constituent le sont beaucoup moins et résultent même parfois de l’évolution de percussions très anciennes.

Jusqu’à la fin du XIXème siècle, les orchestres (au sens général du terme, pas seulement les orchestres symphoniques auxquels on pense systématiquement dans nos contrées occidentales) se voyaient par coutume dotés d’autant de percussionnistes que de percussions (à deux trois poils de cul près, c’est pas une science exacte…). Au début du XXème siècle, les orchestres américains avaient déjà taillé dans le gras en se limitant à trois percussionnistes (voire deux pour les fanfares) : l’un jouait de la grosse caisse, le second de la caisse claire et le troisième s’amusait avec les cymbales et quelques accessoires. Les musiciens portaient alors leur propre élément pour le jouer.

A cette même époque, les progrès technologiques permirent de concevoir de nouveaux supports pour ces différents éléments (dont la pédale de grosse caisse) et c’est ainsi que ces derniers purent être fusionnés afin d’être joués par une seule personne, donnant naissance à la batterie actuelle. ENFIN, l’humanité accédait au Saint Graal tant recherché (ah, non, ce n’est pas ça ?) ! Si j’étais cynique, j’ajouterai que cela coïncide avec l’application des premières politiques de restrictions budgétaires : pourquoi payer plusieurs gars (et les déplacer, loger, nourrir…) quand un seul type peut très bien faire tout le boulot ? Mais comme je ne le suis pas (cynique), je précise aussi, avec tout l’honnêteté qui me caractérise, que cela a surtout permis aux orchestres de se déplacer davantage et de jouer dans des lieux plus exigus, permettant ainsi à un public plus large et plus varié (et pas seulement à l’élite) de profiter de leur talent.

La batterie de Jazz début XXème : grosse caisse avec pédale – caisse claire sur pied – cymbale « de rythme » sur perchette (aujourd’hui appelée « ride »)

Il ne manquait alors plus que l’invention d’une pédale adaptée à la cymbale charleston dans les années 20 pour compléter le tableau : cette pédale apparut avec les premiers big-bands qui jouaient assis sur les bateaux à aubes de la Nouvelle Orléans (berceau du Jazz et du Blues) et termina d’esquisser la forme de l’instrument moderne que nous connaissons tous aujourd’hui.

Avant de terminer cette petite histoire, je souhaite apporter quelques précisions :

  • les prémisses de l’instrument, à savoir l’idée de fusionner plusieurs éléments (et en particulier des percussions), remonteraient au moyen-âge en Europe avec l’apparition de l’homme orchestre (on imagine le ridicule de la situation, voir gravure ci-contre).
  • la batterie s’avère donc au final être un instrument comportant à la fois des membraphones (caisse claire, grosse caisse…) et des idiophones (cymbales, cloches…). Voilà pourquoi c’est le top et que cela fait beaucoup de bruit !
  • le fait de regrouper les éléments a induit une autre manière de les jouer à travers la corrélation offerte : la batterie représente donc réellement un instrument à part entière (n’en déplaise aux guitaristes), avec ses propres rudiments et techniques qui seront développés tout au long du XXème siècle.
  • enfin, pour les férus de dates, le premier batteur de Jazz et inventeur du premier set de batterie aurait été Dee Dee Chandler (1866-1925). On avance souvent la date de 1906 pour l’apparition de la première batterie, mais tout ceci reste difficile à vérifier (et surtout, on s’en tape un peu).

Au cours du XXème siècle, l’instrument s’enrichira de nouveaux éléments (en particulier des toms et cymbales de formes diverses et variées…) et de nombreux musiciens, désormais officiellement appelés « batteurs », marqueront leur époque d’une empreinte indélébile, aussi bien par la disposition de leur kit que leur technique de jeu novatrice. Différents styles de drumming se développeront, se succéderont et s’entremêleront, conduisant à tout le corpus de connaissances dont nous disposons aujourd’hui sur ce bel instrument (mais c’est aussi pour cela qu’il y a du boulot, pfou…).

Pour ne pas mourir trop bêtes (même si vous mourrez quand même…), sachez que l’un des pionners de la batterie Jazz n’est autre que Warren Dodds (plus communément surnommé Baby Dodds – 1898/1959 – cf photo). Il serait à l’origine des premiers enregistrements effectués avec une batterie moderne, en s’illustrant notamment aux côtés d’un certain Louis Armstrong… Difficile non plus de ne pas citer Jones « Papa » Jo (1911/1985) parmi les précurseurs de la batterie et dont la technique était absolument redoutable (écoutez-le, vous allez pleurer votre maman). Évidemment, il y en a eu beaucoup d’autres par la suite, et vous trouverez des listes complètes et détaillées sur d’autres sites très bien faits à ce sujet. Si vous vous intéressez davantage à des batteurs plus modernes et dans un style plus rock, jetez un œil à la section Partitions du site et à la description (très personnelle) que je fais de certains d’entre eux.

Enfin, pour conclure, de nos jours, nous en sommes-là :

Épilogue : il ne vous reste plus qu’à trouver votre place dans cette Histoire (et il en reste…).

Le cheminement : Comment travailler ?

Dans la partie 1 de l’introduction, les 4 grands axes, je tenais à présenter un certain nombre de concepts afin de mettre en perspective les exercices que vous rencontrerez dans cette méthode. Rien n’est plus frustrant que d’attaquer un travail sans en avoir une vision globale dès le départ. Il est important de donner du sens, de la cohérence, et ce afin de faciliter un apprentissage qui peut effectivement s’avérer très fastidieux quand l’on ne sait pas où l’on va, ni pourquoi.

Toujours dans le but de favoriser cet apprentissage, il s’avère indispensable de donner des objectifs stimulants et atteignables assez rapidement pour maintenir l’intérêt de celui qui découvre un nouvel Univers. Avec cette méthode, vous apprendrez au fur et à mesure de vos progrès en technique les applications possibles en rythme et/ou en break via les pages indépendance et coordination. Ainsi, vous aurez régulièrement la satisfaction de franchir des paliers et disposerez d’outils concrets pour commencer à vous exprimer avec d’autres musiciens.

Enfin, pour entretenir cette motivation, je vous renverrai régulièrement à des relevés de morceaux réels adaptés à votre niveau et déjà disponibles sur le site (dans la section « Partitions » ). Je vous signalerai également  les niveaux Bonus que vous pouvez consulter à ce stade de votre apprentissage (du type analyse d’un style musical ou du jeu d’un batteur…). Considérez tous ces éléments comme autant d’objectifs intéressants à atteindre !

Toutefois, bien que mon but soit de vous faciliter les choses, ne vous méprenez pas pour autant : seul un travail sérieux et régulier vous permettra de progresser sur l’instrument.

 ALORS, COMMENT ÇA MARCHE ???

La méthode se décompose en mondes et en niveaux (comme dans un jeu vidéo). Un monde correspond en quelque sorte à une « grande partie » et un niveau à un « chapitre ». Comme vous l’avez peut-être constaté dans le sommaire, chaque monde ou niveau possède un titre en relation avec son contenu.

Chaque niveau d’un monde correspond à une leçon en 4 parties ayant attrait, dans cet ordre précis, à : la technique, l’indépendance, la coordination ou encore le groove. Le petit camembert situé en bas à droite dans chaque leçon permet de se rendre directement à la section voulue.

Remarques :

  • il arrive que certains axes ne soient pas présents pour un niveau donné, ou même que le camembert n’apparaisse pas du tout s’il s’avère inutile
  • le monde 0 fait notamment exception à ces règles : c’est un ensemble de dossiers à consulter pour information

Au cours de votre progression dans les niveaux, vous rencontrerez parfois des Mini-Boss. A la fin d’un monde, vous rencontrerez systématiquement un Boss Final !!!

Ces derniers testeront vos connaissances en vous soumettant une partition originale à jouer, basée sur les acquis des niveaux précédents terminés ou du monde entièrement complété.

 OK, MAIS COMMENT JE PROGRESSE ???

En pratique, quand vous démarrez un niveau « n » :

  • commencez toujours par travailler les exercices de technique en premier
  • ensuite, passez indifféremment aux exercices d’indépendance ou de coordination
  • enfin, terminez par les exercices sur le groove, plus difficiles, en vous focalisant sur le bloc F puis le bloc R

Les exercices possèdent également un système de baguettes indiquant leur difficulté (allant de 1 à 4). Vous n’êtes donc pas dans l’obligation de traiter toute la technique d’un niveau avant de vous attaquer au reste : faites les premiers exercices de technique correspondant à la première baguette, puis travaillez en parallèle les exercices correspondants en indépendance, coordination… Quand la première série d’exercices commence à rentrer (première baguette), reprenez la technique là où vous en étiez et poursuivez avec la même démarche jusqu’à ce que vous ayez terminé chaque page du niveau.

Il est difficile d’estimer le temps nécessaire qu’il vous faudra passer sur un niveau, car cela dépend de deux facteurs :

  1. de vous : tout le monde n’assimile pas à la même vitesse.
  2. du niveau : ils ne sont pas tous d’un volume équivalent en terme de contenu ni de la même difficulté.

Quelques conseils toutefois, surtout si vous débutez :

  • travaillez tous les jours : il vaut mieux travailler 30 minutes par jour que 2 heures une seule fois par semaine.
  • faites toujours « un peu de tout » : un peu de technique, un peu d’indépendance… La répétition paye. Faites-vous plaisir également en vous octroyant quelques minutes de fun sur un morceau ou en improvisant sur le kit !
  • fixez-vous des objectifs raisonnables et tâchez de les atteindre : « cette semaine, je bosse tels exercices, etc… ».
  • si vous butez vraiment sur quelque chose, ne vous obstinez pas jusqu’à l’écœurement : revenez sur l’exercice le lendemain ou le surlendemain, cela va finir par passer…
  • vérifiez que vous avez bien intégré les exercices précédents avant d’en faire de nouveaux. Révisez régulièrement !

Vous pouvez ensuite passer au niveau « n+1 » quand vous maîtrisez à peu près tous les exercices de technique, d’indépendance ou de coordination. Si vous butez encore sur le bloc R des exercices de groove, ne vous inquiétez-pas, avancez et vous y reviendrez plus tard. Il faut souvent plus de temps pour les assimiler. De manière générale, n’hésitez pas à lorgner un peu du côté des niveaux supérieurs pour commencer à apprendre de nouvelles choses et rester motivé. Mais n’oubliez pas ce que vous avez mis de côté, au risque d’accumuler des lacunes ! En d’autres termes, tâchez de vous situer dans un intervalle [n-2 ; n+2].

La consigne est la même pour les Mini-Boss et Boss Finaux que pour les niveaux : ne vous refusez pas de poursuivre la méthode si vous coincez juste sur quelques mesures. Le but n’est pas forcément de savoir jouer ces partitions de façon parfaitement exhaustive, mais de vérifier vos acquis de façon globale à un moment donné. Les niveaux Bonus proposés sont quant à eux facultatifs, à vous de voir si vous êtes intéressé.

Au final, il vous suffira de progresser logiquement niveau par niveau, monde par monde. Et n’oubliez pas, vous disposez de « continus infinis » 😉 L’échec faisant partie du processus d’apprentissage, ne vous découragez pas à la première difficulté.

 ET AU FAIT, PAR OÙ JE COMMENCE ???

Si vous êtes débutant, vous démarrerez bien entendu par le monde 1. Si vous pratiquez déjà la batterie, le sommaire et les titres devraient vous aider à choisir les mondes/niveaux/boss/annexes… que vous souhaitez aborder dès maintenant pour vous perfectionner. Vous vous rendrez vite compte des leçons qui semblent adaptées en terme de difficulté à votre jeu actuel et définirez ainsi votre propre point de départ dans la méthode.

Voilà, cette fois-ci il me semble que tout est dit ! A vos baguettes et à vous de jouer ! Surtout, bon courage et n’oubliez pas de vous amuser en jouant 🙂

La philosophie : Les 4 grands axes

Il existe bien évidemment d’innombrables façons d’aborder la pratique d’un instrument, chaque pédagogue ayant sa propre vision de ce qui lui paraît pertinent ou non. Pour ma part, j’ai opté pour un système de travail centré sur 4 axes interdépendants qui me semblent constituer les 4 grands piliers de l’apprentissage de la batterie.

Ce sont :

Je présente tous ces concepts en détail dans cet article mais l’infographie ci-dessous récapitule et synthétise le tout visuellement.

Les 4 grands axes

Si vous débutez, certains concepts vous paraitront certainement un peu obscurs, mais vous pouvez les passer et y revenir plus tard quand vous aurez davantage de recul. Cette introduction a vocation à être relue plusieurs fois au cours de votre apprentissage.

LA TECHNIQUE (T)

La technique est le point de départ indispensable de chaque niveau. Elle se travaille sur un seul élément à la fois. Dans les exercices proposés, j’insisterai principalement sur le travail de la caisse claire (CC) et de la grosse caisse (GC), mais il ne faut pas oublier que tous les exercices proposés peuvent être portés sur n’importe quel élément du kit.

Ces exercices sont souvent qualifiés de gammes dans le jargon de la batterie, car il s’agit de répéter jusqu’à la pleine maîtrise des enchainements « types ».

Exemples d’exercices de caisse claire puis de grosse caisse :

La technique développe les aspects suivants :

Les figures (ou schémas) rythmiques

La batterie consiste « grosso modo » à placer dans l’espace (à savoir les différents éléments sonores du kit – voir coordination et indépendance) et dans le temps (défini par le tempo du morceau) différents coups, le tout de façon « harmonieuse ». Tout est donc question d’espace-temps et de référentiel, comme en Physique 🙂

Pour ce qui est du placement dans le temps, les possibilités étant immenses, plusieurs notes « élémentaires » ont été créées (blanche, noire, croche…), chacune correspondant à une durée précise par rapport au temps de référence. Travailler les figures rythmiques, c’est donc découvrir le solfège rythmique (durée et notation des notes « élémentaires ») tout en apprenant à jouer, c’est à dire placer ces notes correctement.

J’appellerai figure rythmique tout enchainement de notes dont la durée totale équivaut à un temps.

Ces figures s’avèrent indispensables à maîtriser pour qui veut disposer d’un maximum de vocabulaire sur son instrument. Elles représentent en quelque sorte la boite à outils du batteur !

Exemples d’exercices pour découvrir la croche puis la double croche :

Exemple de figure rythmique (durant par définition un temps) comportant une croche et deux doubles-croches :

A noter qu’en batterie, la hauteur d’une note sur la portée n’a pas d’incidence mélodiquement parlant (même s’il y a une certaine logique) : elle sert juste à savoir quel élément doit être joué. Je vous renvoie aux notations pour en savoir plus.

Pour travailler les figures rythmiques, il est conseillé de se munir d’un métronome : il faudra toujours commencer par régler le métronome au tempo le plus faible indiqué puis l’augmenter progressivement afin d’atteindre des tempo plus élevés.

Les combinaisons de figures et les changements de débit

Lorsque l’on mélange différentes figures rythmiques au sein d’une même mesure, on obtient alors une… combinaison de figures ! Ces dernières représentent forcément un champ très vaste à explorer, et si certaines ne serviront qu’à titre d’exercice destiné à vous faire mal au crâne, d’autres se révèleront être d’excellents moyens d’enrichir à terme vos break (ou fills) et vos rythmes (ou patterns).

Exemple de combinaison de figures (ici, 4 figures différentes sont utilisées dans une mesure comportant 4 temps) :

Enfin, dans certains cas, les combinaisons de figures impliquent un changement de débit. Une petite explication s’impose… Observons les 3 figures rythmiques a, b et c ci-dessous :

Créons, à partir de ces 3 figures, les deux combinaisons de figures d et e suivantes :

combinaison d | combinaison e

Les mains utilisées (droite (D) ou gauche (G), c’est à dire le doigté) sont précisées au-dessus des notes afin de mieux comprendre le raisonnement suivant.

La combinaison d est un mélange des figures a et b :

  • la figure a est constituée de 2 croches (dites binaires) qui représentent une durée totale de un temps,
  • la figure b est constituée de 4 doubles-croches qui représentent également un temps (comme toutes les figures…),

Pour passer de la figure a à la figure b, il « suffit » donc de multiplier le nombre de coups par deux, autrement dit de placer deux fois plus de coups sur la même durée. Pour cela, si on regarde le doigté de la figure b par rapport à celui de la figure a, nous allons simplement intercaler la main gauche entre chaque coup effectué à la main droite : ainsi la vitesse du rythme perçu augmente, mais la main droite conserve quant à elle le même débit (même nombre de coups par seconde). Du coup, la combinaison d possède un débit constant à la main droite, ce qui la rend assez simple à effectuer car on dispose en quelque sorte d’un repère fixe.

La combinaison e est un mélange des figures a et c :

  • la figure a est toujours constituée de 2 croches,
  • la figure c est quant à elle constituée de 3 croches (on parle de triolet de croches) : la durée qui sépare chacune de ces 3 croches n’est donc pas la même que celle qui sépare les 2 croches de la figure a.

Pour passer de la figure a à la figure c, il n’est plus possible de simplement multiplier par 2 le nombre de notes jouées en intercalant l’autre main. Vous comprendrez que pour passer d’un temps comportant 2 notes à un temps en comportant 3, il faut nécessairement opérer un changement de débit. Dans l’exemple e, la durée qui sépare deux notes jouées à la main droite variera au cours de la mesure. Lors d’un changement de débit, il sera donc souvent nécessaire d’inverser le doigté, mais nous y reviendrons plus tard… Les changements de débit sont au final plus difficiles à maîtriser que les combinaisons « classiques », mais ils permettent d’enrichir considérablement le jeu.

Ces dernières notions peuvent apparaître complexes à ce stade pour un néophyte, ne perdez pas de vue qu’il ne s’agit ici que d’une introduction très générale et que tous ces concepts seront explicités en détail et pas à pas dans la méthode. Vous les digérerez en temps voulu 🙂

Le doigté (ou l’équivalent pour les pieds)

C’est le dernier aspect fondamental de la technique, que j’ai brièvement abordé dans l’exemple précédent. Le concept est bien plus simple à comprendre mais néanmoins révélateur de toutes les possibilités qu’offre le jeu de batterie.

Reprenons pour l’exemple une figure rythmique simple constituée de 4 double-croches :

Cette notation nous permet de savoir qu’il faut jouer la figure sur la caisse claire et nous donne le placement dans le temps des notes. Toutefois, il n’est pas précisé quelle main doit être utilisée pour jouer chaque coup. Cette précision, appelée doigté, est fondamentale, car le rendu sonore sera différent en fonction des mains utilisées.

On considère en général qu’il existe 3 grands types de doigtés différents à travailler :

  • le frisé (ou l’alternance classique de type DGDG)
  • le roulé (ou « pa-pa-ma-man », de type DDGG)
  • le moulin (ou « paradiddle », combinaison plus évoluée)

Il existe de nombreuses variantes possibles pour le moulin et les plus utiles seront abordées dans la méthode.

Connaître et maîtriser les différents doigtés vous permettra également d’enrichir profondément vos break et vos rythmes à l’usage.

En résumé, le travail de la technique permet d’aborder les rudiments de base sur un seul élément, à savoir :

  • les figures rythmiques & le solfège rythmique
  • les combinaisons de figures et les changements de débit
  • les différents types de doigtés : frisés, roulés et moulins (ou dérivés)

En travaillant la technique, vous assouplirez au passage vos poignets et vos chevilles, gagnant progressivement en précision et en fluidité. Il est donc indispensable de revenir régulièrement sur certaines gammes, mêmes basiques, tout au long de votre vie de batteur (pour s’échauffer par exemple).

L’INDÉPENDANCE (I)

Bon, c’est bien joli tout cela, mais vous ne souhaitez pas forcément passer 2 ans à ne faire que de la caisse claire… La batterie est un instrument qui se joue dans l’espace, il est donc très important de prendre conscience de ce vaste environnement le plus vite possible et de jouer vos premiers rythmes : c’est l’objet de l’indépendance.

Dès lors que connaissez les premières figures rythmiques, il devient possible de les associer et de les jouer « en même temps » à l’aide de vos différents membres sur les éléments sonores du kit. On obtient alors un rythme. Dans un groupe/orchestre, le rythme, de part sa régularité, est l’élément indispensable qui soutient les instruments mélodiques pendant la quasi-totalité d’un morceau.

Comme vous devrez penser à plusieurs membres à la fois pour jouer des rythmes, il s’agit d’un travail d’indépendance corporelle dans lequel le cerveau et la mémoire mécanique du corps seront fortement mis à contribution.

Les gens qui disent : « La batterie, c’est dur, je n’arriverai jamais à jouer plusieurs trucs à la fois ! » redoutent en réalité ce travail d’indépendance. Pourtant, comme pour de nombreuses choses, il faut simplement entrainer le corps par des exercices répétés. On peut d’ailleurs faire l’analogie avec la conduite : au début, on est paumé et on mélange les pédales alors qu’à l’usage, on n’y pense même plus… Il est également intéressant de noter que, lors d’un travail sur un rythme, il arrive couramment que l’on échoue le premier jour et que cela finisse par sortir « tout seul » le lendemain ou le surlendemain. Bref, ne vous découragez pas, bossez et laissez le corps terminer le travail !

Je profite de ce paragraphe pour faire une petite parenthèse : l’ennemi principal du batteur débutant, c’est de ne pas avoir « le sens du rythme ». Il ne s’agit pas ici d’un problème d’indépendance, mais d’un manque de perception des battements (ou temps) dans un morceau. En gros, sans savoir jouer de la batterie, êtes-vous capable de taper du pied à peu près régulièrement et naturellement quand vous écoutez de la musique ? Ressentez-vous aisément les fins de couplets, refrains, etc… ? Si oui, cela va grandement vous faciliter la tâche. Sinon, je ne vous cache pas qu’elle sera bien plus ardue, mais pas d’inquiétude, tout s’apprend si on fournit les efforts nécessaires !!!

Je reprends mon propos initial : il existe deux formes d’indépendance : la relative et l’absolue.

L’indépendance relative

Cette forme représente 90% des rythmes joués en batterie et des exercices qui seront présentés dans cette méthode. Inutile de préciser qu’elle s’avère fondamentale !

Pour l’expliquer, commençons par les modalités de construction d’un rythme de base.

Supposons que vous connaissiez désormais à la caisse claire et à la grosse caisse les figures a et b suivantes :

Vous êtes donc déjà à l’aise avec les concepts de croche (figure a) et de noire (figure b).

La construction d’un rythme simple repose sur les principes suivants :

  • le charleston (hihat) fermé ou une cymbale comme la ride joue (par défaut à la main droite) un ostinato, c’est à dire une figure régulière servant de repère. Ici, nous prendrons la figure a pour créer cet ostinato. L’ostinato est généralement joué sur un élément qui résonne peu afin de bien en discerner les différents coups, d’où le choix commun du charleston ou de la ride. Dans les premiers rythmes travaillés, l’ostinato possède très souvent un débit plus élevé que la CC et la GC : il sert ainsi de point de repère autour duquel on vient greffer les autres éléments.
  • la caisse claire (par défaut à la main gauche) et la grosse caisse viennent compléter cet ostinato et donner vie au rythme en plaçant des coups basés sur la figure b. Dans un rythme pop/rock classique, il est d’usage de placer les caisses claires à des endroits précis (en l’occurrence sur les 2ème et 4ème temps) et les grosses caisses où l’on veut (tout dépend du morceau, de la ligne de basse…). Bien évidemment, tout est possible comme nous le verrons dans cette méthode : il faut savoir briser les conventions à l’usage 😉

Au final, on obtient donc le rythme suivant, l’un des premiers que l’on apprend à la batterie :

Je n’irai pas plus loin dans cette présentation, mais imaginez toutes les possibilités de rythmes qui vont s’ouvrir à vous au fur et à mesure que vous apprendrez des figures rythmiques de plus en plus évoluées.

Dans le cas étudié, vous aurez un travail d’indépendance à fournir pour réussir à jouer ce rythme sans vous mélanger les pinceaux. Mais si l’on regarde de plus près, il y a une logique : toutes les figures utilisées sont des multiples (ou sous-multiples) de 2 : l’ostinato en croches sert de guide pour placer les CC et GC une fois sur deux, en noires. Le rythme se construit donc par rapport à cet ostinato : on parle donc d’indépendance relative. Vos membres ne sont pas totalement dissociés sur le plan rythmique.

L’indépendance absolue

Cette forme est bien plus complexe à apprendre. Vous ne l’aborderez que bien plus tard dans votre étude de l’instrument. Son utilisation en batterie reste d’ailleurs assez marginale et ponctuelle, car le résultat obtenu peut être très moche si mal utilisé (c’est à dire pas bien maîtrisé et peu adapté à l’accompagnement musical). Mais certains batteurs s’en sont faits des spécialistes et parviennent à produire des choses très impressionnantes et originales par ce biais.

L’idée, c’est que vos membres joueront sur les éléments de la batterie des figures rythmiques ayant un débit différent. Ici, pas de point de repère simple, il faut vraiment que le cerveau dissocie les 2, 3 ou 4 membres utilisés. Le seul repère subsistant étant le temps (défini par le tempo), on utilise alors le terme d’indépendance absolue. Chaque élément se réfère uniquement au temps, mais aucunement par rapport à un autre. Évidemment, c’est bien plus dur à jouer !

On obtient par ce moyen des polyrythmes. En voici un exemple « assez simple », joué à la GC et sur un tom alto :

A noter que la polyrythmie peut également se pratiquer entres les instruments d’un groupe : on obtient là un résultat en mon sens bien plus intéressant à travailler et que j’explorerai à l’occasion, puisque je l’ai souvent utilisée dans un groupe de rock progressif.

Une variante intéressante de l’indépendance absolue, et sur laquelle je m’attarderai beaucoup plus dans cette méthode, c’est l’illusion rythmique.

J’en touche un mot ici, mais si vous débutez, vous pouvez passer directement à la partie suivante sur la coordination.

Dans la partie finale sur le groove, j’évoquerai le rôle de l’accentuation, c’est à dire l’importance des coups fort et faible, en bref de la dynamique du jeu. Placer des accents au bon endroit permet d’améliorer le groove d’un rythme.

Dans le rythme ci-dessous abordé dans l’indépendance relative, le fait d’accentuer un coup de charleston sur deux donne un effet plus fin au rendu, plus subtil :

Ce procédé d’accentuation d’un ostinato en croches est d’ailleurs très commun en batterie.

Prenons maintenant un rythme ternaire classique en 12/8 :

Dans ce type de rythme, les éléments sont regroupés par 3, chaque coup de GC ou de CC étant séparé du suivant par 2 croches jouées au charleston. C’est le rythme fondamental du Blues.

La façon naturelle de faire groover ce rythme est d’accentuer les temps au charleston de cette façon (1 coup sur 3) :

Pour corser un peu les choses, on peut vouloir accentuer le charleston un coup sur deux, donnant ainsi l’impression de jouer l’ostinato en croches binaires vu précédemment, tout en maintenant une GC et une CC placées sur une logique ternaire. Le résultat obtenu est dans ce cas un mélange binaire-ternaire et il s’agit d’une illusion rythmique car l’auditeur aura du mal à savoir quelle est la référence :

Il ne s’agit ici que d’un exemple, mais on peut imaginer des illusions rythmiques basées sur d’autres principes, comme le mélange d’un ostinato joué et accentué en 4/4 avec des GC/CC placées sur des mesures asymétriques en 7/8 – 9/8. Le monde des illusions rythmiques est vaste, il donne lieu à des rythmes complexes très intéressants, surtout dans l’hypothèse d’une interaction poussée avec un bassiste ou un guitariste.

En résumé, le travail sur l’indépendance revient à jouer des éléments ensembles et à élaborer des rythmes :

  • l’indépendance relative traite des rythmes conventionnels et des ostinatos les plus utiles
  • l’indépendance absolue vous ouvrira la voie de la polyrythmie et des illusions rythmiques

LA COORDINATION (C)

3ème grand pilier du travail de la batterie, la coordination consiste à enchainer les figures rythmiques apprises en technique sur les différents éléments du kit, tout en restant fluide et précis par rapport au tempo. Contrairement à l’indépendance qui vise à travailler le placement des éléments « en même temps », ils sont joués ici l’un après l’autre. La coordination représente donc en quelque sorte le travail spatial sur l’instrument. Il n’est pas forcément évident quand on débute de passer de la caisse claire au tom basse sans perdre le fill 😀

Il existe plusieurs types de coordination, en voici quelques exemples :

Exercice de technique de CC puis application en coordination GC/CC :

Exercice de technique de CC puis application en coordination CC/toms :

On peut alors imaginer et établir une liste un peu plus exhaustive des coordinations possibles :

  • grosse caisse / caisse claire
  • caisse claire / toms
  • grosse caisse / toms
  • grosse caisse / caisse claire / toms
  • charleston / caisse claire
  • charleston / cymbales
  • charleston / toms
  • etc …

La coordination prend tout son intérêt dans la création des break. Dans sa version la plus simple, un break est une mesure particulière visant à casser le rythme principal, jouée différemment par le batteur et exploitant souvent des éléments plus « invasifs » du kit (comme les toms ou les cymbales crash). Les break sont utilisés lors d’une fin de cycle ou d’un changement de section dans un morceau (passage couplet-refrain, refrain-pont…) : ils permettent d’amener et faciliter ces transitions. En d’autres termes, ils donnent davantage de vie au morceau !

Mais il serait réducteur de limiter la coordination à ce rôle. On peut très bien l’exploiter dans un rythme, en portant (par exemple) une partie d’un ostinato joué initialement au charleston sur des dômes de cymbales ou des toms, et ce afin de l’enrichir en terme de musicalité. J’ai beaucoup développé cet aspect dans mon propre jeu et il en sera donc régulièrement question dans cette méthode. Rien n’oblige à ce qu’un rythme soit uniquement concentré sur le trio GC/CC/HH (même s’il est particulièrement efficace, j’en conviens).

Enfin, la coordination confère une source inépuisable de plans pour construire des solos de batterie.

En résumé, le travail sur la coordination revient à jouer des éléments les uns à la suite des autres, ce qui permet :

  • de construire des break ou des solos
  • d’enrichir les rythmes en leur conférant plus de musicalité

LE GROOVE (G)

Nous y sommes, « last but not least », le groove ! Ou encore le 7ème sens pour les fans de Saint Seiya 😉

Et bien non, justement, je vais essayer de vous démontrer que le groove, c’est également, et surtout, une histoire de travail. Contrairement aux idées parfois reçues, le groove ne se limite pas à « on l’a – on l’a pas ».

S’il est effectivement difficile d’en donner une définition concrète, car il s’agit avant tout d’un ressenti, on peut toutefois très bien identifier différents critères qui permettront de l’améliorer.

Alors, qu’est-ce que le groove ???

D’après Wikipedia :

« Le terme groove vient de l’expression anglaise in the groove (littéralement « dans le sillon ») signifiant « dans le rythme », « dans la note » dans l’argot des musiciens de jazz. Le terme est utilisé dans la musique populaire noire américaine à partir du XXème siècle. Il désigne tout d’abord un « rythme régulier » puis un « jeu inspiré », un « jeu superbe » (d’où le verbe « groover », « jouer de façon inspirée », « jouer magnifiquement bien ») et enfin un style musical, aux sonorités chaudes et au rythme chaloupé… »

Ou encore, un peu plus loin :

« Dans la musique populaire, le terme groove s’applique en premier au rythme, un terme utilisé en référence à la mesure et à l’embellissement des sections rythmiques. Richard Middleton (1999) le décrit ainsi : le concept de groove (un terme qui n’a été théorisé par les analystes que très récemment, mais qui était utilisé depuis longtemps par les musiciens) marque une compréhension du flot et de la texture rythmique et souligne son rôle en produisant une sensation et une dynamique particulières au morceau. Une sensation créée par la répétition de trames rythmiques dans laquelle des variations peuvent avoir lieu. »

Bref, beaucoup de blabla (c’est moi qui dis ça…) et de guillemets, mais vous aurez compris l’idée ! On peut aussi penser à la définition donnée par les Inconnus s’ils avaient fait allusion aux batteurs et non aux guitaristes…

Après avoir longuement réfléchi sur le sujet, j’en suis venu à la conclusion que le groove reposait sur 3 aspects :

  1. La fluidité
  2. La dynamique
  3. La mise en place
  4. Le « feeling » du batteur ???

Allez, c’est parti, je vous détaille tout cela…

La fluidité

Pour qu’un rythme « sonne », il est tout d’abord nécessaire que vos mouvements soient fluides. Si vous êtes tendu, vous jouerez de façon hachée et le rendu sera mauvais. Pour améliorer la fluidité, il faut :

  • avoir une très bonne souplesse des poignets et des chevilles, ce que vous obtiendrez en travaillant la technique,
  • penser à respirer en jouant : votre respiration doit s’harmoniser avec votre jeu, ne jouez pas en apnée !!! La batterie possède une dimension physique, on ne peut pas la négliger, que ce soit dans l’endurance ou dans la position à tenir (pour éviter des problèmes de dos, tendinites…). Si vous êtes quelqu’un d’anxieux, n’hésitez pas à pratiquer quelques exercices de respiration avant de vous mettre derrière le kit. Votre corps vous remerciera et votre groove sera bien meilleur si vous êtes « posé ».

Ceci étant dit, je vous renvoie donc à la section technique pour cette partie du travail. Il n’y a pas à proprement parler d’exercices de fluidité dans la section groove de la méthode. Et n’oubliez pas de penser régulièrement au second point concernant la respiration.

La dynamique

L’autre facteur pour qu’un rythme « sonne », c’est de jouer sur la dynamique, c’est à dire de travailler les accents (coups forts) et les ghost notes (coups faibles = notes suggérées). Je vais être franc : sans cela, vous jouerez comme une machine des années 80, sans nuance, sans finesse.

Bien entendu, la dynamique se travaille ! Les exercices que vous trouverez dans la section groove de la méthode seront principalement portés sur ce point : ils vous permettront d’apprendre à placer des accents ou des ghost notes au bon endroit sur les différentes figures rythmiques et rythmes que vous aurez acquis au préalable.

Les exercices présents dans ces pages seront de deux natures :

Le bloc F (pour Figure)

Le bloc F consistera toujours à travailler l’accentuation de façon basique sur une figure rythmique donnée et donc sur un seul élément (comme la caisse claire) : à considérer comme une extension directe de la technique pour un niveau donné, il vous faudra absolument vous y atteler avec rigueur au fur et à mesure (c’est à dire en parallèle des exercices effectués sur la technique, l’indépendance et la coordination).

Voici un exemple : la première mesure est un exercice de technique de CC, la seconde une application avec accents dans la section groove.

Le bloc R (pour Rythme)

Le bloc R consistera à exploiter l’accentuation dans les rythmes. Ce travail est tout aussi important mais pourra poser problème aux débutants car il nécessite une certaine souplesse des poignets (que l’on n’a pas forcément au début) et un travail supplémentaire d’indépendance (quand on place des accents, il faut réfléchir un peu plus…). Autrement dit, vous pourrez vous permettre d’avoir un peu de retard sur ces exercices par rapport au reste de la méthode et y revenir plus tard quand vous vous sentirez plus à l’aise. Par contre, pour ceux qui ont déjà un certain niveau et qui veulent améliorer leur groove, c’est peut-être de ce côté-là qu’il faudra se pencher… Enfin, si vous avez bien suivi, ce travail aboutira à partir d’un certain stade aux illusions rythmiques évoquées dans un précédent paragraphe.

Voici un exemple : la première mesure est un exercice d’indépendance, la seconde une application avec accents dans la section groove.

La mise en place

On entend souvent dire : « Ce batteur joue bien en avant (ou au fond) du temps, ça groove à mort ! ».

Effectivement.

Sauf que pour bien jouer « en avant » ou « au fond », en bref s’amuser avec le métronome qui lui est imperturbable par essence, et bien il faut, aussi bizarre que cela puisse paraître, commencer par l’être également (imperturbable).

La première règle (du Fight Club), c’est donc de pratiquer tous les exercices de la méthode avec un métronome (pas forcément tout le temps, mais le plus souvent possible). Dans le même ordre d’idée, à chaque fois que vous travaillez un morceau d’un groupe, tâchez de bosser avec un casque sur un playback carré. Vous pouvez également vous enregistrer, si possible avec d’autres musiciens, et vous comprendrez vite… Un batteur ne doit ni accélérer, ni ralentir (sauf si le morceau le nécessite bien sûr).

La seconde règle, c’est de bien respecter l’intervalle de tempo donné dans les exercices et de commencer systématiquement par travailler au tempo le plus faible avant de booster progressivement le métronome. Il est toujours plus difficile de jouer et faire sonner un plan à bas tempo qu’à un tempo medium ou élevé.

Si vous suivez ces deux règles, vous aurez à terme une mise en place en acier, et vous pourrez commencer à déjouer le métronome, en l’anticipant un peu ou en jouant bien au fond du temps. A ce moment-là, vous commencerez à groover et à vous forger votre identité ! Mais pas de panique, il faut souvent quelques années de pratique pour cela…

Pas d’exercice particulier pour la mise en place, il suffit de travailler le reste de la méthode en suivant bien ces deux consignes.

Le « feeling » du batteur

On peut parfois se dire qu’un de nos potes batteur a un super « feeling«  et ressentir un fort découragement à chaque fois qu’on l’entend jouer. On rentre penaud avec l’envie de tout arrêter…

Je l’ai dit précédemment, le groove, cela se travaille ! Avoir du feeling, c’est en fait avoir une bonne fluidité, un bon contrôle de la dynamique et une mise en place parfaite et personnelle. Or, de quoi a-t-on parlé juste avant ? Hum ???

Effectivement, certaines personnes ont un peu plus de chance (de « talent ») au départ et semblent accéder assez naturellement à ces critères. Cela ne signifie pas que vous n’y arriverez pas, il vous faudra juste travailler davantage.

Et vous avez peut-être d’autres qualités dans votre jeu que ces derniers n’ont pas (car les doués sont parfois fainéants !).

Pour illustrer mes propos, je pense à deux batteurs célèbres : Manu Katché (que l’on ne présente plus) et Gavin Harrison (batteur de Porcupine Tree, King Crimson…). Je précise que j’adore les deux et qu’ils ont dû, tous les deux, bosser leur instrument comme des dingues. Mais en les étudiant, j’ai le sentiment que Manu Katché avait déjà un feeling incroyable au départ (qu’il a bien su exploiter et développer) alors que Harrison ressemblait plus à « monsieur tout le monde », à savoir qu’il a atteint ce stade d’excellence dans le groove par un travail de fond énorme et précis sur tous les critères que j’ai déjà cités. Bref, ce n’est peut-être qu’une impression erronée, mais cela donne une image 🙂

En résumé, le groove repose sur :

  • une bonne fluidité issue de la technique et de la respiration
  • un bon contrôle de la dynamique (accents et ghost notes), aussi bien sur les figures que dans les rythmes
  • une bonne mise en place (travail au métronome)