Auteur : T. HiHat
Si vous aimez le rock progressif, Open Car de Porcupine Tree est un morceau court, très sympa à jouer et plutôt accessible pour qui veut s’essayer à reprendre du Gavin Harrison sans trop se casser les dents (ou le cerveau) dans un premier temps.
Le morceau se joue à 80 bpm et comporte 4 patterns principaux qui s’articulent entre eux de façon logique :
Riff principal (M1-2)
Un plan plutôt métal dans l’esprit, où il faut principalement veiller à respecter le placement des grosses caisses pour bien appuyer le riff de guitare. Comme le tempo est faible, tout se joue à la simple pédale : c’est peut-être là que pourra résider une certaine difficulté en fonction de votre niveau, car il faut pouvoir enchainer de façon fluide les différents coups avec le pied !
Verse (M3-4)
Ce plan syncopé en 4/4 – 9/8 est original et constitue le sel du morceau. Le pattern n’est pas complexe en soit si on suit la partition en le bossant lentement et tranquillement, avant de se caler sur la musique. Attention à ne pas oublier les deux ouvertures de charleston qui apportent un plus au groove.
Pré-chorus (M10)
Ici, on passe la main droite sur la ride et la caisse claire est réduite en half-time sur le 4ème temps de chaque mesure. Ce plan, plus aérien, doit être interprété tout en finesse dans la plus pure tradition de ce que fait Gavin Harrison. L’exemple type du pattern simple mais difficile à faire sonner. Les ouvertures de charleston placées sur la seconde double-croche du 3ème temps doivent être jouées à la main gauche pendant que la main droite est maintenue sur la ride. On réalise alors sur ce temps un « demi-moulin » DGDD avec les mains. Principe qui peut d’ailleurs être ré-exploité sur d’autres éléments que le charleston et à d’autres moments pour enrichir le groove.
Chorus (M19)
Rien de particulier à signaler, on retrouve l’esprit du riff principal en 4/4 avec l’afterbeat classique en 2 et 4.
Voilà, amusez-vous bien 😉
Batteur : Gavin Harrison
je le dis souvent, mais là je ne peux pas faire autrement : Gavin Harrison, c’est le nec plus ultra !!! Encore un batteur anglais qui déboite tout… Je l’ai découvert et l’apprécie principalement dans Porcupine Tree, mais c’est un batteur de session complet ayant notamment accompagné Iggy Pop et participé à de nombreux autres projets, tous aussi bons les uns que les autres (parmi mes préférés : King Crimson, OSI, Blackfield ou encore The Pineapple Thief récemment).
Influencé par Steve Gadd et Jeff Porcaro (Toto), Harrison possède au départ une technique plutôt jazz, qu’il a par la suite mise au service d’un jeu plus punchy lorsqu’il a commencé à se faire connaitre sur la scène du rock progressif. C’est un bosseur acharné qui possède un son remarquable (il joue sur une Sonor SQ2). Son jeu peut être décrit comme un croisement entre celui de Neil Peart (Rush) pour la maitrise des rythmes composés/asymétriques et celui de Stewart Copeland (ou Manu Katché) pour l’utilisation très colorée des cymbales. Un parfait équilibre entre rigueur et feeling dans l’interprétation !
Sa particularité vient aussi de l’utilisation récurrente qu’il fait des illusions rythmiques. Il détaille cette approche polyrythmique basée sur le placement des accents dans deux ouvrages pédagogiques : « Rhythmic Illusions » et « Rhythmic Perspectives ». J’adore ces concepts et vous en trouverez plusieurs exemples sur le site.
En résumé : si vous ne le connaissez pas, il faut absolument remédier à cela !
Album : Deadwing
Sorti en 2005, Deadwing est un excellent album de Porcupine Tree, même si ce n’est pas mon préféré. A cette époque, le groupe n’hésite pas à inclure des éléments plus métal dans ses compositions, bien que celles-ci restent résolument progressives. On retrouve également par petites touches l’aspect pop (le morceau Lazarus) qui était davantage exploité dans les opus précédents. Ce n’est pas mon disque coup de cœur car je lui trouve quelques morceaux dispensables, notamment le morceau d’introduction éponyme qui traine un peu en longueur et manque un poil de prise de risque dans l’interprétation. Il comporte néanmoins quelques classiques intemporels du groupe qui suffisent à se prendre une belle baffe dans la gueule : on pourra ainsi citer Halo, Arriving Somewhere but Not Here, Open Car ou encore The Start of Something Beautiful. Dans la plupart de ces titres, le batteur Gavin Harrison s’en donne à cœur joie et s’exprime pleinement à travers des grooves recherchés et exécutés de façon exemplaire. A écouter sans modération !
Artiste : Porcupine Tree
Formé à la fin des années 80, Porcupine Tree est à l’origine un projet personnel de Steven Wilson, compositeur/guitariste/chanteur anglais de talent (accessoirement fan de Pink Floyd et excellent ingénieur du son). Les premiers opus du groupe consistent en des expérimentations studios de Wilson : il faudra attendre le milieu des années 90 pour que celui-ci s’entoure d’un « vrai groupe ». L’arrivée de musiciens exceptionnels (Richard Barbieri aux claviers, Colin Edwin à la basse, Gavin Harrison à la batterie…), auxquels Wilson laissera une grande liberté d’interprétation, permettra à Porcupine Tree de franchir un cap et de s’illustrer avec brio sur la scène prog.
Malheureusement, le groupe a cessé ses activités en 2010, chaque membre ayant préféré s’investir dans d’autres projets. Steven Wilson mène d’ailleurs depuis une carrière solo bien remplie. Nous ne sommes cependant pas à l’abri d’une reformation ponctuelle pouvant donner naissance à une nouvelle pépite, le groupe n’ayant jamais été officiellement dissous…
Même s’il surfe sur l’héritage de Pink Floyd, Wilson a su donner une vraie personnalité au groupe avec des compositions lorgnant aussi bien du côté de la pop que du métal.
Je suis un grand admirateur de leur travail, car c’est l’un des rares groupes qui peut passer, tout en restant cohérent, de morceaux accessibles à des compos alambiquées. Chaque morceau possède plusieurs couches de lecture et les sections rythmiques et mélodiques sont toujours en parfaite symbiose.